Une philosophie
Un sport pour tous...
Les valeurs du karaté
Quand on entre dans un dojo où des élèves sont en train de pratiquer le karaté, on n'entre pas uniquement dans une salle de sport. Une atmosphère particulière se dégage pendant les entrainements, faite de concentration, de respect, d'énergie collective et de sérénité. Le pratiquant se détache du monde extérieur quand il monte sur le tatami. Le professeur attend de lui qu'il laisse ses préoccupations derrière la porte pour vivre intensément et uniquement l'instant présent.
En effet, le karaté est bien plus qu'un sport, c'est avant tout un art martial. La différence, ce sont les valeurs qu'il encourage et développe chez les pratiquants. Les valeurs du karaté trouvent leur origine dans les valeurs du Bushido, le code de conduite des samuraïs, dont la dimension morale se développa pendant la période féodale japonaise (à partir XIVè siècle).
Lorsque le karaté fut introduit dans le Japon moderne, les principes moraux à respecter ont été résumés en 5 règles simples appelées les DOJO KUN. Ces règles sont souvent affichées dans les dojos et parfois récitées à la fin des cours.
DOJO KUN
Hitotsu, jinkaku kansei ni tsutomuru koto.
S'efforcer de perfectionner sa personnalité.
Hitotsu, makoto no michi wo mamoru koto.
Etre loyal et protéger la voie de la vérité.
Hitotsu, doryōku no seishin wo yashinau koto.
Entretenir un esprit d'effort (persévérance).
Hitotsu, reigi wo omonzuru koto.
Respecter les autres et l'étiquette.
Hitotsu, kekki no yū wo imashimuru koto.
Se garder d'un courage impétueux (pas de violence inutile).
Les dojo kun, en pratique
Le respect, vis-à-vis du professeur et des autres élèves
Notre Sensei (Professeur) Willy Haynes, fondateur de l'école, disait qu'avec le karaté, les élèves apprennent à devenir de meilleurs individus, pas seulement au dojo, mais aussi dans leur vie quotidienne. Progresser c'est important mais aider ses partenaires à s'améliorer l'est tout autant. L'égo n'a pas sa place sur les tatamis. La recherche de l'harmonie avec ses condisciples est par contre indispensable pour évoluer ensemble et ne pas se blesser.
Ainsi, pour Maître Haynes, la règle qui enjoint de protéger la vérité nous enseigne à rester humble, à admettre que l'on a beaucoup à apprendre. Par contre, elle nous amène aussi à être conscient de nos compétences et à développer notre confiance en nous. Bien entendu, progresser demande de la persévérance, ne rien lâcher. Que l'on soit plus ou moins doué, continuer à s'entraîner nous rendra meilleurs.
Enfin, il se plaisait à souligner que respecter son sensei et ses partenaires, c'est aussi apprendre à respecter ses camarades de classe, ses collègues, ses parents, sa famille, et en fait toute autre personne, avec toutes ses différences. Le respect se traduit aussi par un stricte contrôle des coups lors du travail avec partenaire. Et surtout, c'est fondamental, il faut proscrire toute violence. Le karaté ne doit jamais être utilisé pour faire le mal, mais uniquement pour se défendre. Et il ne faut pas réagir violemment à la moindre provocation et toujours éviter le combat si c'est possible. Ce dernier point se reflète dans la célèbre phrase "Il n'y a pas d'attaque en Karaté".
Au final, le karaté traditionnel est une école de vie, développant chez les plus jeunes la confiance en soi parallèlement aux habilités physiques. Chez les plus grands et les adultes, une attitude de force, de volonté et de maîtrise face à la vie et à ses difficultés.
Le cérémonial
L'étiquette
Le respect pendant les cours se manifeste par l'étiquette: saluer en entrant dans le dojo, saluer pour accueillir son sensei, saluer son partenaire avant ou après un exercice avec lui. D'ailleurs chaque cours commence et se termine par un petit cérémonial qui améliore aussi la concentration.
Art martial ou sport de compétition?
Le karaté traditionnel est un art martial, visant à neutraliser un adversaire. On le distingue du karaté sportif où la victoire en compétition compte davantage que les principes de survie. C'est pourquoi le karaté sportif répond à une série de règles visant à éviter les blessures et à déterminer qui sera le gagnant du combat. Nombre de techniques n'y sont pas autorisées, donc parfois non enseignées, et les règles visant à octroyer les points peuvent déformer certains mouvements. Néanmoins, le karaté de compétition permet aussi un apprentissage plus dynamique des notions de distances, de timing, indispensables en combat réel. Il nous confronte aussi à nos peurs. Arriver à être performant sous l'œil du public et des juges aide à construire la confiance en soi. C'est pourquoi il s'agit d'un excellent complément au karaté traditionnel. Et lorsque la carrière du compétiteur s'arrêtera, celle du karatéka pourra continuer jusqu'à un âge très avancé.
Carole Sensei en action à Tokyo (2019)
L'équipe belge à Tokyo (2019)
Souvenir de Dublin (2018)
En bref: Un sport pour tous qui construit le corps et le mental
Art martial, self-défense, sport de combat, école de volonté et de persévérance.. le karaté traditionnel est donc un peu tout cela à la fois. Il s'adresse à tous: hommes, femmes, enfants, jeunes, moins jeunes.. de 7 à 77 ans comme disait notre Sensei Willy Haynes. Aucun prérequis n'est nécessaire. La condition physique, la souplesse, la mémoire des mouvements se construisent peu à peu. Le chemin de l'apprentissage est long et demande de la persévérance. Maître Funakoshi disait: "le karaté est la quête d'une vie entière". La karaté traditionnel est d'ailleurs appelé Karaté-Do, le "do" signifiant la voie, le chemin.. montrant par là que l'important n'est pas de devenir un champion ou un maître, mais de toujours s'entraîner pour continuer à progresser. En fait, qu'importe si la route est longue. La durée et les difficultés sont affrontées ensemble, entre partenaires du dojo. Les cours, les stages, sont autant d'occasion de rencontrer d'autres karatékas et de se faire des amis pour de nombreuses années. Sans compter les moments de convivialité autour d'un verre ou d'un repas, au cours desquels on raconte des anecdotes ou on discute sur la philosophie du karaté.
Photo sans trucage